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The Hate U Give (2018)

Georges Tillman Jr.

Aujourd’hui, je vais vous parler du film The Hate You Give. La version française appose le sous-titre La Haine que l’on donne qui est une traduction approximative du vrai titre. Du moins on peut l’interpréter comme ça, vu que littéralement il s’agit de ‘La haine que vous donnez’.

Bref, ce film de 2018 -mais diffusé sur le territoire français à partir de 2019- raconte l’histoire de Starr, jeune lycéenne noire américaine qui se retrouve directement confrontée à une bavure policière : Elle voit son ami d’enfance tué par un policier à la suite d’un contrôle sur la route. Unique témoin de la scène, elle se retrouve confrontée au choix de laisser cette injustice être oubliée à son tour ou de briser la tranquillité relative qu’elle avait jusque-là, en équilibre entre le quartier violent (à la population principalement noire) où elle vit et le lycée privé (à la population principalement blanche) où elle prends ses cours.
Elle sait que Khalil, la victime, trempait dans le trafic de drogue, ce qui diminue considérablement son statut de victime pour les médias et les forces de l’ordre et la possibilité pour elle d’être identifiée en voulant le défendre ferait d’elle la cible du dealer local. Et pendant ce temps, son quartier s’embrase...

Il me semble qu’il y a deux grands extrêmes dans les films traitant du racisme :

The Hate You Give navigue selon moi entre les deux eaux.

Le film est principalement dans la démarche de dénoncer le système et ses conséquences racistes qui ont menées au meurtre de Khalil et qui persistent dans le traitement de ce drame durant tout le film. Pour cela, grâce à la situation privilégiée de Starr, il présente froidement les différents points de vue sans pour autant excuser leurs actes ou leur vision.
Le tableau n’est pas très reluisant, évidemment et même si le film offre des personnages pour servir de paratonnerres à reproches et une sorte de résolution pour eux, le problème du système n’est évidemment pas réglé.

Le film apporte pourtant un peu de légèreté d’abord parce que les problèmes visés par le film ont plutôt tendance à toucher Starr indirectement. Elle n’est pas épargnée et à son fardeau à porter, mais elle est plutôt une victime collatérale du problème de drogue et de violence policière qui ont touché Khalil. Ensuite, elle n’est pas seule. Il y a sa famille et quelques membres de son entourage qui l’accompagnent dans son épreuve, sa famille en particulier est unie face à l’adversité et ça m’a fait du bien de voir cet élan positif dépasser l’océan de haine.
C’est justement l’union qui permet au film de se terminer sur une note d’optimisme.

Mais pour tout vous dire, le film m’avait déjà happé par sa mise en scène :
Quand au début du film on introduit la vie de Starr avant le drame, on introduit ses deux ‘univers’ (le ghetto et le lycée privé) d’une manière intéressante : En plus des changements nets d’ambiance au diapason avec la façon d’agir de Starr, des couleurs différentes sont utilisées par filtre mais aussi plus subtilement dans les couleurs du décor. Ça renforce le discours et l’état d’esprit de Starr, et ça m’a beaucoup plu.
J’ai été séduit aussi par les prestations des acteurs : Amanda Stenberg en Starr mais aussi Regina Hall et Anthony Mackie, le Faucon dans les films Avengers et Captain America, terrifiant dans le rôle de dealer.

J’émets par contre un bémol par rapport à ce film, c’est le fait que ce soit une adaptation d’un livre (celui du même nom par Angie Thomas. J’ai trouvé qu’il y avait quelques fois de la narration alors que ce n’était pas nécessaire. Et puis, j’ai eu l’impression qu’il y avait certains personnages secondaires qui manquaient de ‘liant’, comme s’il manquait des scènes dans le film qui expliqueraient certaines de leurs réactions ou leur donnaient un dénouement. Pour être clair, j’ai l’impression que le film a fait l’impasse sur des parties du livre optionnelles pour la trame principale sans les combler correctement. Mais je me trompe peut-être, il faudra que je lise le livre. Il n’empêche qu’il y a un certain nombre de personnages présentés qui ne sont pas exploités à la hauteur de ce qui est suggeré par leur présence.

Bref, The Hate You Give explore le cas de violences policières avec doigté, réalisme et une mise en scène intéressante et : Le système est abordé à l’occasion d’une colère légitime mais l’espoir reste et oriente agréablement ce film.

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